Culture générale pour amorce

Sur le thème du "Faire croire" (2023-2024)
 

  • Le problème du "mensonge charitable", aussi appelé "mensonge vertueux" ou "pieux mensonge"
     

Réponse stricte du penseur chrétien de l'Antiquité (Saint) Augustin (d'Hippone, 354-430), dans son bref traité Du mensonge
« "Si un homme se sauvait chez toi, et que tu pusses l'arracher à la mort par un mensonge, que ferais-tu ?" [Qu'importe,] car cette mort que redoutent dans leur folie les hommes qui ne craignent pas de pécher ne tue pas l'âme, mais le corps, comme le Seigneur l'enseigne dans l'Évangile ; aussi ne veut-il point qu'on la craigne ; tandis que la bouche qui ment tue l'âme et non le corps. » (Traduit du latin.)
Lien vers le texte de ce court traité

  • Autre réponse stricte du philosophe allemand Kant (1724-1804)

Réponse polémique à l'auteur français l’auteur français Benjamin Constant, qui avait défendu la légitimité du mensonge vertueux ou "mensonge par humanité" : 

« la véracité (=le fait de dire le vrai) est un devoir qui doit être regardé comme la base de tous les devoirs fondés sur un contrat, et [...] si l’on admet la moindre exception dans la loi de ces devoirs, on la rend chancelante et inutile. C’est donc un ordre sacré de la raison, un ordre qui n’admet pas de condition, et qu’aucun inconvénient ne saurait restreindre ». (D’un prétendu droit de mentir par humanité, 1797, court traité de six pages.)

  • Le trompeur trompé, ou les dangers de la ruse
    La Fontaine, Fables, IV, 10, « La grenouille et le rat », v. 41-44.

« La ruse la mieux ourdie
Peut nuire à son inventeur ;
Et souvent la perfidie
Retourne sur son auteur. »

  • La politique affranchie de la morale ?
    Les compromis du stratège athénien Aristide (550-467 av. J.-C.), surnommé « le Juste » pour sa grande honnêteté :

« cet homme, si juste dans ses affaires personnelles et dans celles qui regardaient les particuliers, ne consultait souvent, dans l’administration publique, que l’intérêt de sa patrie, qui exigeait de fréquentes injustices. » (Plutarque, Vie d’Aristide, entre 90 et 120 ap. J.-C., citant Théophraste.) (Cette opposition entre morale privée et morale publique est bien commentée par Arendt dans « La désobéissance civile », autre essai figurant dans Du mensonge à la violence.)

(Nota bene : Hérodote, le "père de l'Histoire", cité par Arendt, probablement 480-425 av. J.-C.)